Née en 1980 à Noisy-le-Grand (France)
Émilie Pitoiset crée des œuvres qui mêlent fiction et réalité, photographies et collages, taxidermies et performances.
Grande collectionneuse d’images dont elle interroge le statut d’archive et celui d’auteur, Émilie Pitoiset éprouve un intérêt particulier pour les photographies d’archives dont les histoires sont ouvertes et les provenances variées.
Que ces images soient reprises de films célèbres (Le sang des bêtes de Georges Franju) ou d’amateurs, leur provenance importe moins à l’artiste que leur réappropriation, réarrangement, recomposition.
Dans la série Just Because, ce sont justement des photographies d’amateurs et d’anonymes qui sont la matière première de sa création. L’artiste a sélectionné et fait réimprimer des photographies en noir et blanc issues de fêtes foraines des années 50, photographies dont le point commun est de représenter un tireur concentré dont le canon est directement braqué sur le spectateur.
Le découpage au cutter fait main, visible par les traits dont l’intersection correspond au canon du tireur, donne une dimension supplémentaire au cliché : il donne non seulement l’impression qu’une vraie balle a été tirée, mais qu’en plus, le spectateur a été directement visé par le tireur. Pourtant, il ne faut pas se laisser tromper ici, puisqu’en fait de tir à balle réelle, il s’agit d’un « tir photographique » ou « shot ». À l’époque, les vainqueurs des stands de tirs des fêtes foraines recevaient une photographie de leur exploit en guise de trophée si le centre de la cible qui déclenchait le mécanisme de l’appareil photographique était touché.
En s’arrêtant sur l’instant du tir, cet entre-deux, entre la vie et la mort, Émilie Pitoiset travaille sur un thème qui lui est cher, celui de la tension entre fiction et réalité.